mardi 27 novembre 2007

Solidarité Bourbonnaise

Ce blog soutient officiellement les déchus de l'Allier. Ils sont mieux placés que moi pour parler de ce qui c'est passé, mais en (très) résumé, une liste s'est présentée contre eux le jour de l'AG de vote, avec à sa tête et parmi ses membres des militants qu'ils ne connaissaient pas... et qui ont remporté l'élection.


Éthiquement c'est du n'importe quoi, mais je me pose quelques questions statutaires. D'après l'article 24.1 :


La liste des adhérents admis à voter dans la fédération est identique à la liste du congrès national.

Or les démissionnaires rapportent que « la tête de liste, Pierre Louis Rolle, ne figurait pas sur la liste d'émargement du congrès trois semaines plus tôt ».
Le nouvel animateur fédéral n'aurait pas donc pas du être autorisé à voter... D'autant plus que les adhérents capables d'exercer ce droit n'ont pas besoin d'une légitimité particulière, l'ancienneté suffit : il leur faut être « en possession de leur carte MJS à jour depuis au moins 3 mois ». Ce Pierre Louis ne possédait donc pas sa carte MJS dans l'Allier en août, sauf erreur le mois dernier, et en est devenu Animateur Fédéral ! D'ailleurs, mais c'est sûrement un homonyme, ce serait beaucoup trop gros, il y a un socialiste nommé Pierre-Louis Rolle à l'Institut d'Études Politiques de... Lille ! Le même, signant une pétition en faveur du vote papier, indique être du 59 (Nord), pas du 03, et son parcours sur Copains d'Avant ne montre aucun ancrage ou attachement familial au département.
Revenons à nos histoires. Je ne sais pas qui a présidé la séance, mais d'où venait cette nouvelle liste d'émargement modifiée alors qu'elle n'aurait pas du l'être ?
Éventuellement du National car, toujours selon les statuts :


La liste des votants est publiée par le BN 15 jours avant le vote.

C'est donc cette instance qui a pu décider d'ajouter quelques personnes, contre ce que stipule l'article 24... On peut imaginer que le nouvel AF ait été lésé par le BN, qui a rectifié son erreur. Curieux tout de même que ç'ait également été le cas de plusieurs adhérents fraîchement débarqués.
Et puis, comment expliquer que l'ancien animateur fédéral ne les connaisse pas, alors que d'après l'article 10.1, « toute demande d’adhésion est transmise à l’Animateur fédéral » ? Reformulée, cette question devient « comment le Bureau National, qui a publié la liste des votants, a-t-il pu considérer comme adhérents des gens qui n'avaient pas été présentés à l'AF, et donc validés ? »


Toutes ces interrogations et ces doutes justifieraient à mon sens que le vote soit annulé, pour mettre au clair ce flou statutaire, et en tout cas soulignent d'importantes lacunes dans les règles du MJS...

samedi 24 novembre 2007

Leave Manuel alone !

Il est de ces modes que seule la mode explique. « Refondation » par exemple est très prisée en ce moment. On a aussi « Manuel Valls est un pourri de social-traître », qui séduit beaucoup les bloggueurs de gauche.
Chaque mode a un évènement déclencheur, qui fut pour cette dernière l'interview du personnage dans le Figaro fin août.
Réactions en chaîne, qui permettent de manière intéressante d'aborder un peu tous les sujets.


Accusation, quels sont les faits ?


Nous pouvons faire un bout de chemin avec la majorité, à condition qu’elle nous entende, sur des sujets qui peuvent faire consensus. Je pense aux moyens qu’il faut donner à la justice, à la lutte contre la criminalité ou encore au dossier de l’immigration.

Formulation bien maladroite, dont les Manuel-basheurs se lèchent les babines :


« Le durcissement de la justice, les droits étendus donnés à la police, et la traque aux sans-papiers, pour Manu, no problemo : il kiffe. Grave. »
Comprendre une volonté de durcir la justice dans cette déclaration est au minimum une erreur de lecture, sinon une démonstration de mauvaise foi. Je lis "les moyens qu'il faut donner à la justice", or la science de la compréhension du français étant à peu près universelle, j'ai du mal à voir comment une telle erreur d'interprétation est-elle possible. Mais en effet, l'intention de donner plus de sous à nos magistrats peut, et c'est tant mieux, faire consensus.
Les droits étendus donnés à la police, outre le fait que ce ne soit pas le sujet de l'intervention du socialiste, sont ensuite mis sur le même plan que la traque des sans-papiers dont on devine le mal que l'auteur pense. Ah oui, on est chez un militant LCR : la police, c'est l'anti-justice, des skinheads qui cherchent seulement à casser du Beur et abuser de leur autorité, hein ? C'est pour ça que leur donner plus de droits (même si je ne sais pas desquels parle-t-il) serait une hérésie. Pourtant, CSP, auteur de cette diatribe, n'aurait pas craché sur des "droits étendus" aux immigrés. À la police, si. La police ! L'autorité ! Quelle horreur. Il finit sur la traque des sans-papiers. La tournure de la phrase n'est pas flatteuse, mais en effet, Valls pense que notre pays n'est pas capable d'accueillir tout le monde : « il faut donc assumer une politique de reconduite aux frontières dans le respect du droit et des personnes ». On peut transformer ce point de vue, passer de "reconduite" à "traque" parce que c'est plus marquant, mais il est bien rapide de coller l'étiquette "UMP" sur le fond, la pensée originale de Valls, pour éviter tout débat sur ce point. Ce n'est de toute façon pas ce qu'il déclare au Figaro, on dérive...
Mais CSP, comme ceux qui vont suivre, oublie le début de la phrase qui comporte une exigence préalable à ce consensus : « à condition que la majorité nous entende ». Quand on veut taper, mieux vaut oublier les passages qui ne disent pas ce qu'on souhaite entendre.


« Manuel Valls veut faire un bout de chemin avec eux? c'est impossible. Tout d'abord, cela se ferait sur leurs idées néo-cons. »
On retrouve un peu le « MoDem ? impossible, MoDem = droite », le blocage de principe. C'est le mot consensus qui provoque de l'urticaire chez certain, l'idée de ne pas constamment s'opposer à la majorité étant relativement nouvelle. Gageons que le temps aidera.
Mais ça n'est pas très sérieux, alors on trouve une explication : l'accord prôné par l'interviewé ne pourrait se faire que sur leurs « idées néo-cons ». Il aime la douleur, pour vouloir des convergences dans des domaines ou la majorité est "conne", c'est ça ?.. Oui, selon l'auteur du billet, qui écrit ensuite que Manuel Valls veut rejoindre le « goret fou furieux Hortefeux » (tout est dans la modération). Notre socialiste sur le bûcher écrit pourtant que « le projet de loi Hortefeux nie le droit de la famille, remet en cause les fondements de nos lois bioéthiques et assimile l'immigré à un délinquant ». Et il ne pense sûrement pas moins de la politique de reconductions chiffrées du ministère. Mais il est facile de prêter à quelqu'un les intentions qui nous arrangent en se basant sur une de ses citations, après avoir pris le soin de la retourner dans tous les sens. L'auteur manie ce procédé avec, il faut le reconnaître, une habilité certaine. Valls devient ainsi soutien de la méthode de Sarkozy : « il faut effrayer le bon peuple, faire naître des peurs, dénoncer des boucs-emissaires, flatter le populisme ». Ça c'est du raccourci, et du bon.


« Faire un bout de chemin avec la droite, mais la candidate de notre parti l’a déjà fait, triple couillon, en abordant des thèmes totalement étrangers à notre philosophie, en nous faisant chanter “La Marseillaise” dans ses meetings, ou quand certains de nos propres militants préféraient le drapeau français au nôtre, dans la rue et lors des actions. »
Où l'on apprend que chanter La Marseillaise, c'est faire un bout de chemin avec la droite, ainsi que de s'approprier le drapeau Français. Ah quand même. Apparemment, aimer son pays ne convient pas aux standards socialistes. Aux standards de Maxime Pisano, osé-je espérer.


« Faut-il en déduire que les députés socialistes sont invités à voter les lois répressives de Rachida Dati, peines planchers et enfermement maximum, sans politique préventive et sans moyens ? »
Si Clémentine HAutain souhaite jouer à Simplet, sans aucun doute. On retrouve l'art du raisonnement commun à tous ces détraqueurs, qui atteint ici sa splendide apogée : passer de « il faut donner des moyens à la justice » à « les députés sont invités à voter les lois [sur la justice] sans moyens » relève d'une maîtrise incontestable des déductions fallacieuses.


Accusation, quoi d'autre ?


Nous devons dire également que le travail est une valeur, que nous ne sommes pas favorables à une société de l’assistanat. Nous devons être aussi le parti de l’entreprise et des entrepreneurs, créateurs de richesses.

Travail, assistanat, entreprise, richesse, quatre mots tabous dans un paragraphe, c'était risqué.


« Et bien non Manuel, nous devons être le parti de la création et du partage des richesses, et non pas celui d'une oligarchie de profiteurs qui vivent du travail des autres. Ca commence à être énervant ce mythe de l'entrepreneur! »
Et c'est parti. Les entrepreneurs sont des profiteurs qui vivent du travail des autres. Passons sur le mythe du patron qui se repose et spolie ses salariés, pour cerner la notion d'entrepreneur. Un indépendant en entreprise individuelle en est un. Et, attention scoop, il bosse. Souvent beaucoup, pour s'en tirer avec les charges importantes dont il doit s'acquitter.
Un dirigeant de PME n'a pas le luxe de glander. Il travaille au moins autant que ses salariés (auxquels il a donné un emploi, au passage), et est loin de gagner des mille et des cents, les comptes d'une telle activité n'étant souvent pas très larges. La PME qui se fait plein de sous, paie ses employés au SMIC, et rémunère son chef par wagons de lingots, ça n'est pas un mythe, mais un fantasme de gauchistes.
Quant aux multinationales qui paient bien leurs dirigeants, c'est un autre problème, car les responsabilités n'ont absolument rien à voir avec les cas précédents. Ne pensez pas que j'esquive la question, mais elle mériterait un article à elle seule. Cependant, les gros patrons des grosses sociétés représentent une proportion tellement infime des "entrepreneurs" qu'il n'est pas malheureux de les ignorer quand on tente de généraliser sur ces derniers.
Ainsi, qualifier l'entrepreneur (« celui qui entreprend quelque chose ») de profiteur qui vit du travail des autres atteint le paroxysme du pathétique. Oui, nous avons besoin d'entrepreneurs. Nous avons besoin d'initiatives. Et enfin d'entreprises, qui, petit rappel, emploient des salariés.
Mais ce n'est même pas le propos du député socialiste, qui affirme seulement que le PS doit également rassembler cette catégorie de personne, et ne pas se limiter au milieu des ouvriers et des salariés. Car non, le Parti Socialiste n'a pas vocation à être le parti des travailleurs ni à mépriser les patrons. Il doit défendre l'intérêt de la société... comme de chacun.
Si vous comptez refonder en haïssant une partie de la population et en n'en représentant qu'une autre, le résultat sera pire qu'au départ ; épargnez-nous vos démarches. Le mythe de l'entrepreneur profiteur n'est pas énervant, seulement insupportable.


« Manuel Valls n'est pas à l'UMP, ni au MoDem, ni au MPF, ni non plus au Front national, c'est à dire dans les formations politiques qui ressassent exactement le même discours libéral sur "l'assistanat" et "l'entreprise" depuis des années. Non non, pas du tout. Il est au Parti "socialiste". Dont il paraît qu'il est de gauche. Sauf que non. Manuel Valls est de droite. »
Associer l'entreprenariat à la droite, c'est un peu comme réduire La Marseillaise à l'UMP, à la Maxime Pisano.
Et c'est succomber au même dogme pour lequel aborder les notions de pays et de patrie est une démarche de droite que de croire qu'il est contre-nature de s'adresser également aux non-ouvriers/salariés.
On n'a pas plus raison qu'on ne gagne les élections en ne s'adressant qu'à certaines personnes, qui plus est selon leur statut social. On ne décide pas pour les travailleurs ni contre les entrepreneurs (oui CSP, je suis le petit con MJS qui pense avoir tout compris, je peux dire ce qu'il faut faire et ne pas faire). Et si c'est être de droite que de vouloir gouverner pour tous, c'est triste pour la gauche. Ah, j'oubliais, ça vient d'un extrémiste de la LCR, c'est bon alors.


« Le travail comme valeur, l’assistanat… A ce niveau, ce n’est même plus une gauche de renoncement, c’est de l’abandon pur et simple! »
J'aime bien la définition de Wikipédia sur le sujet : « la valeur travail est notamment opposée à la valeur produite par les marchés financiers considérée par certains comme immorale car ne résultant pas d'un travail. » Oui, un travailleur a une valeur, il passe 35h par semaine (ou plus) à bosser. Mais pour certains, le concept est honteux, car il donne aux ouvriers, salariés, patrons, un certain mérite.
Pour l'assistanat, là où Valls reconnaît l'importance des employés et accorde un poids à leur travail, il doit dire que nous ne pouvons pas être favorables au versement perpétuel d'une aide aux démunis et sans-emplois, mais à la sortie de leur situation. Certains voient dans cette position une stigmatisation des chômeurs. C'est une erreur d'interprétation, car il est entendu qu'ils ne choisissent pas leur situation et désirent trouver un boulot.
Le député, en se prononçant pour l'insertion professionnelle plutôt que le soutien financier à vie, abonde dans ce sens.
La définition de Wikipédia de l'assistanat est également intéressante pour comprendre sa position : « les sociaux-démocrates et les sociologues emploient ce terme afin de dénoncer les insuffisances d’un système de redistribution qui ne permet pas à ceux qui en bénéficient d’améliorer leur situation et d’accéder à une réelle autonomie. Dans ce sens, ils considèrent que les dispositifs de redistribution mis en place doivent être améliorés afin de favoriser le progrès social. » Dénoncer ces positions en les assimilant à un abandon des convictions de gauche relève de l'obscurantisme idéologique souvent observable chez les TàGueurs/TàGuiens/TàGuistes/TàGueule.


Accusation, un bonus ?


Le deuxième sujet essentiel, c’est celui de l’autorité, qui est en crise. Une société a besoin de règles et d’ordre.

« Quand on sait que le premier point qu’il recommande, c’est d’admettre définitivement l’économie de marché, la distance de Valls avec les fondamentaux de la gauche commence à être sérieuse… »
Apparemment, la demoiselle a même du mal avec la reconnaissance de l'économie de marché. Et dire que Benoît Hamon et consorts basent une bonne partie de leur discours anti-social-démocratie sur ce point : « pas besoin de dire qu'on l'a accepté, on est dedans, tout le monde est d'accord là-dessus ». Et bien... non. Enfin, pour le coup, ce n'est pas Valls qui est critiqué, mais la majorité du PS. Admettre l'économie de marché ? Au bûcher, traîtres ! D'abord, c'est faux, on n'est pas dedans, et quand bien même, on peut toujours en sortir : devenons communistes ! Et si ça n'est pas ton idéal, tu t'éloignes des fondamentaux de gauche.
Pareil donc pour l'autorité et l'ordre, qui semblent être incompatibles avec nos valeurs d'après Clémentine Autain. Pourquoi attaquer perpétuellement ces notions, qui sont pourtant indispensables au bon fonctionnement d'une société ? Sans ces éléments, notre système serait anomique...
Quant à la "crise de l'autorité" dénoncée par le socialiste, je ne peux que l'appuyer, pour avoir été au collège et au lycée ces dernières années. Et je ferais mon vieux con en disant qu'en effet, ordre et autorité ne sont presque plus que des mots creux à ces niveaux.
Et je ferais également le mec de mauvaise foi en pensant à tous les régimes ne reposant pas sur l'économie de marché (et encore) que Clémentine Autain et autres CSP semblent défendre, et à leur rapport si particulier avec l'ordre et l'autorité.


Même si Manuel Valls n'y est pas allé avec des pincettes, la levée de boucliers qui a eu lieu à son encontre est révélatrice des nombreux tabous de la gauche d'aujourd'hui. Qu'ils portent sur la patrie, l'assistanat, le consensus, les entreprises, les sans-papiers, le travail ou l'ordre, ils sont nombreux et font obstacle à toute évolution de nos positions. Jamais nous n'évoluerons ainsi, et encore moins en réagissant instinctivement à certains mots-clés dans un article du Figaro en hurlant au loup sarkozyste sans même comprendre le sens des phrases dont ils sont tirées.

mardi 20 novembre 2007

Parti, ô désespoir

Parfois, je tape sur le MJS, mais parfois, le PS mériterait aussi de s'en prendre plein dans la poire.


Nous sommes en pleine préparation des municipales. Les sections ont élu leur représentant, sauf dans quelques villes comme Orly, et choisi ainsi celui ou celle qu'ils souhaitent voir mener la tête de liste en mars 2008. Avec quelques complications dans certains endroits.
À Boissy par exemple, le candidat naturel de la section a vu arriver au dernier moment une concurrente surprise, la secrétaire fédérale du Val-de-Marne, Michèle Sabban. Elle comptait sur son égo et son aura pour s'imposer, mais la seconde caractéristique n'arrivant pas à la cheville de la première, elle n'a fait qu'un score piteux. Son adversaire, Régis Charbonnier, a obtenu autant de voix que ne l'aurait fait Thierry Atlan s'il avait pu organiser un vote : 79%.
« Eh bien. Justice est faite ! Arrête de nous emmerder. » Oui, mais non, haha mon ami, comme tu es naïf, ce serait trop simple.
En fait, elle a choisi de profiter de son statut, parce que être première fédérale pour s'emmerder avec ces procédures que même un fils d'immigré il s'en fout ben faut pas déconner, surtout qu'elle la veut l'investiture à Boissy alors hein bon. C'est ainsi qu'elle sort, avec son fidèle acolyte Serge Lagauche, une circulaire annonçant la liste des municipalités réservées aux femmes. Car il faut être à la pointe dans le domaine de la parité, vous comprenez.
Oh, Boissy figure dedans ! Ça c'est une coïncidence, mais bon, elle ne va pas cracher dessus. Michèle Sabban va donc être la candidate PS à Boissy, parce que c'est une femme. Pas car elle est compétente, ni car elle a réussi à s'imposer intelligemment, ni car elle a le moindre centigramme de mérite, ni car elle connaît les dossiers de la ville, mais car elle a été dotée d'une longue chevelure par notre créateur ou la nature. C'est à croire que le destin voulait qu'elle soit la candidate de Boissy en 2008.
Enfin, cette nouveauté a un inconvénient : il faut bien qu'il y ait autant de villes femme que de villes homme. Et c'est ainsi que la mienne s'est vue affubler d'une mention "Réservée". Le problème, c'est que la fédération a laissé, comme à Boissy, un mâle se présenter... et gagner. La différence s'étant faite grâce aux voix du MJS (dépouillées à part, le vote secret ayant ses limites : sur 2, 2 furent pour Philippe Rosaire) (et dont je ne faisais pas partie), les votants se sont fait reprocher leur choix car il aurait été plus pratique pour la fédé qu'ils donnent l'avantage à la nana.
Reste qu'il a remporté l'élection interne. Cependant, la fédération lui a fait savoir qu'elle comptait donner une recommandation... en faveur de sa concurrente déchue. Qui ne s'en est pas plaint, mais a essayé de sauver son honneur en cachant son opportunisme, raté, d'ailleurs. Et hop, comme à Boissy, la perdante allait devenir tête de liste car c'est une femme, alors que l'homme connaît parfaitement les dossiers de la ville en tant que conseiller municipal depuis 2001.
Heureusement, le conseil fédéral à ciel ouvert du 19/11 a vu, semble-t-il, les responsables de la fédération retourner leur veste. Contrairement à ce qu'ils avaient indiqué en privé au candidat, ils se sont prononcés de faveur de sa désignation, à condition qu'il associe à part égale son ex-adversaire (!). Reste l'épée de Damoclès du National, qui peut toujours changer d'avis s'il s'avise d'écouter la lettre jointe par la prétendante déchue, trésor d'ambiguïté et de non-dits. A priori, ce ne sera pas le cas, mais le doute existe...


On est donc dans une situation où le parti interdit déjà aux désignés de se faire connaître en tant que tels avant l'officialisation des investitures le 15 décembre, mais où nous travaillons en plus sans savoir quelle sera la décision finale des instances nationales. Nos trois adversaires principaux en sont aujourd'hui à leur second tract. Notre premier du nom sera distribué dans un mois et demi au plus tôt, car on ne dispose pas du matériel qui sera proposé par la fédération, ni de l'assurance de la tête qui figurera dessus. Comment lutter à armes égales dans ces conditions ?



Chers Socialistes du 10,

Nous sommes dans une municipalité très difficile pour la Gauche. Nous avons besoin de soutien et d'organisation.
Cependant, vous avez décidé de choisir les candidats 4 mois avant les élections, ce qui est une aberration que les superlatifs me manquent pour qualifier. Comment faire connaître la personne qui sera soumise au scrutin des habitants en 4 mois... à une ville de 75000 habitants ?
Vous ne basez vos préférences que sur l'avis de la fédération et pas sur le vote des militants, ce qui conduit à un déni de démocratie souvent impressionnant de par son ampleur, et ça pour imposer vos amis un peu partout. « Tu as été gentille Michèle, tu ne nous as pas embêté, allez tiens, attrape ta candidature dans une ville que tu n'habites même pas. »
Enfin, et je peux parler du futur au passé, vous nous avez fait perdre, plus, vous nous avez fait faire un mauvais score.

Cordialement. Bonne rénovation.

jeudi 15 novembre 2007

Il a perdu son e !

Un billet inutile, qui a au moins le mérite de signaler que je vis encore.


Razzye Hammadi a lancé son site de campagne orlysienne (oui, je sais... en plus, il s'exprime officiellement en tant que candidat PS alors que nous, nous sommes obligés d'attendre le 15 décembre pour y être autorisés). Mais surtout, en route, il a perdu son "e".
On le constate dès l'URL : www.razzyhammadi.fr (ceux qui se souviennent des positions du MJS contre la mise en avant des personnes en politique sont priés de se taire). Mais Valerio Motta a également acheté razzyehammadi.fr, qui redirige vers l'autre ; c'est donc un choix délibéré, et pas à cause d'un petit malin qui aurait réservé le nom de domaine avec le "e".


Cette tendance se confirme à l'intérieur : tous les textes du site parlent de "Razzy" (sauf quelques oublis), ce qui donne quand même l'impression d'une über faute géante. Ce n'est pas le cas, car même sur son tract (vraiment moyen), l'interessé signe tel quel. Bien sûr, c'est complètement anecdotique, mais pourquoi diable change-t-il l'orthographe de son nom alors qu'il a toujours paraphé Razzye ?


À tout hasard, ne serait-ce pas pour éviter les résultats de Google sur l'expression "Razzye Hammadi" (correctement épelée), qui pourraient sérieusement refroidir les électeurs d'Orly ?


C'est tellement plus propre avec Razzy !


C'est un détail, mais c'est quand même incroyable d'en être réduit à changer l'orthographe de son nom pour faire meilleure impression ! Et vu les confusions que ça va entraîner, je ne suis pas sûr que ça ait valu le coup. J'espère au moins que l'heureux penseur derrière ça n'est pas Valerio, qui lance sa société de communication politique.


Enfin, pour revenir à des considérations moins superficielles, ce site n'est pas franchement un succès. Déjà parce que son apparence fait un peu "je découvre Photoshop CS : un dégradé par ci, une ombre portée par là" ; la colonne grise de droite est aussi joyeuse que Lionel Jospin et passe sous le contenu quand on lit une brève. La signature manuscrite, en plus de se lire Raggy Hammadi, n'est pas aussi réussie qu'elle fait cliché.


Ensuite, car on n'y apprend rien. Pas d'explication sur le choix de la ville d'Orly, un contenu pour le moins sommaire, seulement une déclaration d'intentions grandiloquente et solennelle.
Puis l'utilisation du logiciel libre WordPress sans le mentionner (sauf sur les pages d'inscription/connexion) me chiffonne un peu. Mais dans ce domaine, les critiques vont se résorber quand le site évoluera.


Tout ça pour dire qu'il a perdu son "e", décidément.

Ajout du 16/11 : l'entête a changé et est carrément plus présentable, et Valerio indique que le "e" vient de l'état civil de notre bon ex-président.

mercredi 7 novembre 2007

MoDem, l'alliance impossible

C'est en tout cas ce que nous ont seriné les intervenants du 8e congrès du MJS. Niet. Nada. Neni.


Pourquoi ?
Car nous avons, lors de la présidentielle, mis en avant l'argument « Bayrou est de droite », il serait alors incohérent de passer maintenant des accords avec son parti.
Tout d'abord, il faut remettre notre slogan dans le contexte : Bayrou a toujours eu des positions très proches de l'UMP/RPR et, de 2002 à 2007, a soutenu presque toutes les réformes du gouvernement. C'est ainsi que le revirement de ses positions à l'occasion de ces élections a paru pour le moins suspect et a autorisé toutes les hypothèses, dont celle de l'opportunisme, pas la moins plausible. Or la période de campagne n'aide pas à trouver de bonnes justifications à ses adversaires, surtout quand ils inquiètent.
Nous avons donc, moi le premier, usé de cette arme pour soutenir notre candidate auprès des personnes dont la sensibilité se plaçait à gauche.


Cependant, force est de constater que dans l'entre-deux tours, François Bayrou n'est pas retourné au bercail, en indiquant même qu'il ne pourrait pas, à titre personnel, voter pour Nicolas Sarkozy. Il n'a pas non plus cédé aux tentations législatives et ses rangs furent décimé par sa retraite.
Il est clair que ses choix politiques, même s'il est toujours possible de philosopher sur leur sincérité, sont établis. Et que son engagement le 14 octobre au Zénith contre les tests ADN était bien réel. Ainsi que celui en faveur du respect de la loi SRU, et que sa proposition d'intégrer au moins 25% de logements sociaux à tout projet immobilier. Ainsi que sa volonté de réduire la place de l'automobile, et que celle de déconstruire les ghettos au profit de quartiers mixtes. Tiens, ce sont des problématiques locales, auxquelles il me semble que nous souscrivons, et qui prennent tout leur sens à l'approche des municipales !


Alors, est-ce approuver l'intégralité des intentions politiques d'un parti, le MoDem, que de s'y allier ?
Certainement pas, le notre aurait déjà fusionné avec les Verts et le Parti Communiste. Mais force est de constater qu'à ce genre d'échéances, la majorité de nos dissensions n'est pas concernée, et que même si elles peuvent l'être, elles sont mises de côté. Ou au moins, on essaie de le faire.
Évidemment, il y a de grosses divergences dans plein de domaines entre le MoDem et le PS (heureusement) et il n'est pas question de les nier. Mais dans celui qui concerne la politique locale, elles sont limitées. Même économiquement, où nos principales mésententes règnent, la volonté d'interdire les budgets en déficit et de réduire progressivement notre dette concorde bien avec nos projets municipaux. Condamner de fait ces rapprochements au motif de divergences d'ordre programmatique est un argument de facilité complètement hypocrite.


Certes, psychologiquement, c'est plus facile d'aller chercher nos rapprochements à gauche. En adoptant de cette démarche, nous sommes libérés de la crainte de virer à droite qui nous saisit dès qu'une alliance avec le MoDem est évoquée. Pourtant, ça n'a pas plus de sens que d'appréhender une alliance avec le PC par peur de passer à l'extrême gauche ! Un partenaire à bâbord, un à tribord, quelle différence, si la règle de ralliement ne change pas, c'est à dire la souscription à un programme et des valeurs communes ? Allons conclure nos conventions où se trouvent nos convergences idéologiques, pas où se trouvent les partis dont le nom nous rassure.


La démarche d'alliance doit être menée dans chaque ville où des convergences existent entre les deux listes. Je l'ai déjà dit dans un billet précédent, c'est inenvisageable dans la mienne tant le MoDem est plus à droite que l'UMP, mais ça ne doit pas nous empêcher de vouloir associer les électeurs de Bayrou qui ne peuvent accepter ce candidat aux antipodes des valeurs de l'ex-prétendant à la Présidentielle, et qui partagent nos volontés municipales. De fait, il est impossible de se réunir dans certaines villes, car le contexte ne s'y prête pas ou car le MoDem est l'UDF avec un nouveau nom. Dans d'autres, il est important de se poser la question, de prendre des contacts, et de discuter. Personne n'en n'a jamais succombé.


Il est nécessaire de réaliser que la situation a évolué, et que la devise d'hier ne fait pas la politique de demain. Les alliances avec le MoDem doivent être envisageables, au cas par cas, comme les autres, car elles peuvent nous apporter quelque chose, et je ne parle pas du reniement de nos valeurs.

Au revoir Benoît, bonjour l'Europe

Benoît Hamon a quitté le Bureau National du PS suite à l'adoption en son sein du Traité Simplifié, hier soir, car cette décision « porte en elle le ferment de la division ».


On ne va pas particulièrement s'en plaindre au vu des positions du personnage, qui a également le mérite d'avoir été le premier président du MJS et possède ainsi une part certaine de responsabilités dans l'état de l'organisation, il y encore peu de temps aussi progressiste que la Lybie.
Supputations facilement confirmées en observant comment la démocratie semble trouver rapidement ses limites avec lui : en faveur d'un référendum national, il démissionne du Parti Socialiste quand le vote du BN n'abonde pas dans son sens. Votons, mais comme moi, s'il vous plaît.


La bonne nouvelle est également à deux facettes : l'acceptation de ce texte pour faire sortir l'Europe de l'impasse était nécessaire et inconditionnelle, et le fait que le deuxième parti de France s'y rallie est une avancée certaine.
Bonne journée pour le Parti Socialiste, et nouvelle défaite pour le MJS, qui, petit rappel, se prononce contre ce nouveau traité.

lundi 5 novembre 2007

8e congrès : Bordeaux / Saint-Médard-En-Jalles


Et voilà le 8e congrès du MJS, mon premier, qui s'est terminé. J'ai pu être invité grâce à une place vacante dans une fédération amie, et je ne regrette pas d'avoir fait le déplacement.
Bien entendu, Antoine Detourné a été élu nouveau président du MJS avec 95.2% de votes en faveur de sa candidature, la seule, au terme d'un suspens insoutenable habilement entretenu par Damien Lelièvre. Félicitations à lui et bon courage pour la suite.


Quelques remarques sur l'organisation


L'hôtel à 40 minutes de car, c'est pas sympa, surtout quand le départ est à 8h et que les interventions commencent avec plus d'une heure de retard à 9h50.
La nourriture fut dégueulasse, comme souvent bien sûr, mais c'est dommage de devoir aller acheter quelque chose pour avoir le ventre à peu près plein. À leur décharge, je suis difficile.
Acheter des tickets boisson le samedi soir et apprendre qu'on ne peut pas les réutiliser le dimanche matin, c'est du foutage de gueule.
Les animateurs se plaignaient du retard, mais en ne commençant jamais à l'heure, c'était prévisible...
Pour nuancer, la bagagerie était une réussite, pas évident pourtant, bravo sur ce point. L'accès WiFi, même si je n'en n'ai pas profité, était un atout certain. La salle était adaptée et le grand écran appréciable.



Quelques remarques sur le déroulement


La fusion des résolutions pendant le congrès est absolument aberrante.
D'abord car il y a eu un Conseil National de Synthèse qui aurait pu s'en charger. Bon, on me souffle à l'oreille qu'il était déjà très rempli. Soit, mais les auteurs des textes connaissent les personnes qui ont soumis les autres... Pourquoi ce processus n'a pas eu lieu par mail ? Le système utilisé à Bordeaux a empêché de préparer des interventions en contre correctes, car les textes issus des fusions n'ont été distribués au compte goutte que pendant la présentation des résolutions correspondantes, sauf exception, parfois même après.
Le vote à main levée, en plus de donner lieu à des estimations parfois grossières du nombre de voix, bride complètement l'issue des consultations. Chacun regardait la main du chef de son courant pour savoir s'il devait lever la sienne. Autant organiser un vote avec 5 représentants pesant le nombre des délégués qui leur étaient favorables ! Bien sûr, il n'est pas question d'installer une urne et de dépouiller à chaque résolution. Mais pourquoi ne pas offrir une feuille par délégué (délivrées strictement, pour éviter les quelques irrégularités inhérentes au système de carton mis en place : un carton = un vote, procurez vous un carton et vous devenez délégué), avec la liste des textes proposés (naturellement, les fusions doivent avoir été effectuées au préalable), et 3 cases en face de chaque : POUR, CONTRE, BLANC ? Elles seraient cochées au fur et à mesure de l'avancement des présentations et délivreraient les votants du regard souvent acéré de leur animateur fédéral. Bien entendu, la majorité d'entre eux suivraient toujours les consignes annoncées de façon discrète, mais ceux souhaitant s'opposer à un texte en particulier auraient la possibilité de le faire sans se griller. On gagnerait de plus un temps certain sur le vote à main levée.
Les interventions en contre de la majorité furent parfois très gratinées. On a eu droit à quatre reprises à l'argument inébranlable « une partie de la résolution fait déjà partie du TO, amendé par les militants », qui constituait même dans un des cas la seule justification de la consigne de vote. Alors que bien entendu, ces résolutions apportaient des précisions et des détails largement négligés par le texte d'orientation. À un tel point que l'on peut se demander si le fait d'écrire quelque chose sur un point déjà abordé dans le TO ne suffisait pas à lancer cette machine à contrer. Je vous laisse juger des ressemblances entre les deux résolutions sur l'Europe : l'« officielle » et celle proposée par le Val-de-Marne, si vous avez du courage. La seconde a été rejetée pour « éviter de se répéter ».


Quelques remarques sur le contenu


J'ai quand même été surpris par la virulence de certaines interventions et les tendances ultra-gauchistes de pas mal de participants.
Quand j'entends qu'il faut se battre au côté des cheminots pour défendre leur régime de retraite sans la moindre argumentation, comme si le fait qu'une grève soit dirigée contre le gouvernement suffisait à la légitimer, je suis consterné.
Quand j'entends un expatrié allemand qui nous a fait le tort de revenir en France s'exprimer sur l'Europe et partir dans une diatribe anti sociaux-démocrates car ils sont "fascistes et nazis", et qu'il se fait applaudir à pleines mains unanimement (moins 12) par l'assemblée, je me demande comment le MJS compte se reconstruire.
Quand Damien Berthilier, président de la Mutuelle des Étudiants, prononce un discours anachronique (sauf sur les questions de santé), personne ne scille. Personne non plus n'a remarqué la différence de ton entre son édito sur le site de la LMDE et son discours, qui témoigne d'une hypocrisie sans limite.
Quand le porte parole du Parti Communiste crache sur le Traité Simplifié (devant Hollande, qui fait heureusement partie de ses sages partisans) et que tout le monde se lève pour le féliciter sans prendre conscience que le rejeter c'est vouloir tout foutre en l'air plutôt que de faire, même doucement, avancer les choses, je soupire. Pour reprendre une formule de Jules de Diner's Room, « comme je ne puis avancer de trois pas, je refuse d'en faire un ».
Quand la moitié des intervenants affirme que la politique de Sarkozy « nous rappelle des heures sombres de notre histoire », je suis scié par ce manque de modération. C'est joli, les grandes phrases, mais ça ne sert qu'à exciter les militants qui ne jurent que par la révolution.

Ces trois jours furent un florilège de déclarations de ce type, à mon grand désarroi. Toutes les résolutions modérées furent rejetées, en partie car présentées par des fédérations sociales-démocrates (bien que le MJS revendique désormais cette méthode), et à 100% car le premier rang levait ses cartons sur-le-champ avant même que l'orateur ne demande les votes contre.


C'est usant de constater que le MJS se prend un peu pour la LCR, et je suis impatient de lire le discours d'investiture d'Antoine auquel je n'ai pu assister, pour voir si sa ligne est plus modérée et intelligente, ou dans la perpétuelle surenchère pour flatter la croupe de la majorité des adhérents.
J'ai cependant apprécié les échanges et l'ambiance assez sereine des discussions, et confirme mon opinion : un seul texte pour tant de sensibilités relève de l'hypocrisie, afin de faire dire aux médias et au PS que les jeunes sont unis.

Il y a encore beaucoup à dire sur ce 8e congrès, et je reviendrai éventuellement dessus plus tard... si j'en ai le courage.