lundi 5 novembre 2007

8e congrès : Bordeaux / Saint-Médard-En-Jalles


Et voilà le 8e congrès du MJS, mon premier, qui s'est terminé. J'ai pu être invité grâce à une place vacante dans une fédération amie, et je ne regrette pas d'avoir fait le déplacement.
Bien entendu, Antoine Detourné a été élu nouveau président du MJS avec 95.2% de votes en faveur de sa candidature, la seule, au terme d'un suspens insoutenable habilement entretenu par Damien Lelièvre. Félicitations à lui et bon courage pour la suite.


Quelques remarques sur l'organisation


L'hôtel à 40 minutes de car, c'est pas sympa, surtout quand le départ est à 8h et que les interventions commencent avec plus d'une heure de retard à 9h50.
La nourriture fut dégueulasse, comme souvent bien sûr, mais c'est dommage de devoir aller acheter quelque chose pour avoir le ventre à peu près plein. À leur décharge, je suis difficile.
Acheter des tickets boisson le samedi soir et apprendre qu'on ne peut pas les réutiliser le dimanche matin, c'est du foutage de gueule.
Les animateurs se plaignaient du retard, mais en ne commençant jamais à l'heure, c'était prévisible...
Pour nuancer, la bagagerie était une réussite, pas évident pourtant, bravo sur ce point. L'accès WiFi, même si je n'en n'ai pas profité, était un atout certain. La salle était adaptée et le grand écran appréciable.



Quelques remarques sur le déroulement


La fusion des résolutions pendant le congrès est absolument aberrante.
D'abord car il y a eu un Conseil National de Synthèse qui aurait pu s'en charger. Bon, on me souffle à l'oreille qu'il était déjà très rempli. Soit, mais les auteurs des textes connaissent les personnes qui ont soumis les autres... Pourquoi ce processus n'a pas eu lieu par mail ? Le système utilisé à Bordeaux a empêché de préparer des interventions en contre correctes, car les textes issus des fusions n'ont été distribués au compte goutte que pendant la présentation des résolutions correspondantes, sauf exception, parfois même après.
Le vote à main levée, en plus de donner lieu à des estimations parfois grossières du nombre de voix, bride complètement l'issue des consultations. Chacun regardait la main du chef de son courant pour savoir s'il devait lever la sienne. Autant organiser un vote avec 5 représentants pesant le nombre des délégués qui leur étaient favorables ! Bien sûr, il n'est pas question d'installer une urne et de dépouiller à chaque résolution. Mais pourquoi ne pas offrir une feuille par délégué (délivrées strictement, pour éviter les quelques irrégularités inhérentes au système de carton mis en place : un carton = un vote, procurez vous un carton et vous devenez délégué), avec la liste des textes proposés (naturellement, les fusions doivent avoir été effectuées au préalable), et 3 cases en face de chaque : POUR, CONTRE, BLANC ? Elles seraient cochées au fur et à mesure de l'avancement des présentations et délivreraient les votants du regard souvent acéré de leur animateur fédéral. Bien entendu, la majorité d'entre eux suivraient toujours les consignes annoncées de façon discrète, mais ceux souhaitant s'opposer à un texte en particulier auraient la possibilité de le faire sans se griller. On gagnerait de plus un temps certain sur le vote à main levée.
Les interventions en contre de la majorité furent parfois très gratinées. On a eu droit à quatre reprises à l'argument inébranlable « une partie de la résolution fait déjà partie du TO, amendé par les militants », qui constituait même dans un des cas la seule justification de la consigne de vote. Alors que bien entendu, ces résolutions apportaient des précisions et des détails largement négligés par le texte d'orientation. À un tel point que l'on peut se demander si le fait d'écrire quelque chose sur un point déjà abordé dans le TO ne suffisait pas à lancer cette machine à contrer. Je vous laisse juger des ressemblances entre les deux résolutions sur l'Europe : l'« officielle » et celle proposée par le Val-de-Marne, si vous avez du courage. La seconde a été rejetée pour « éviter de se répéter ».


Quelques remarques sur le contenu


J'ai quand même été surpris par la virulence de certaines interventions et les tendances ultra-gauchistes de pas mal de participants.
Quand j'entends qu'il faut se battre au côté des cheminots pour défendre leur régime de retraite sans la moindre argumentation, comme si le fait qu'une grève soit dirigée contre le gouvernement suffisait à la légitimer, je suis consterné.
Quand j'entends un expatrié allemand qui nous a fait le tort de revenir en France s'exprimer sur l'Europe et partir dans une diatribe anti sociaux-démocrates car ils sont "fascistes et nazis", et qu'il se fait applaudir à pleines mains unanimement (moins 12) par l'assemblée, je me demande comment le MJS compte se reconstruire.
Quand Damien Berthilier, président de la Mutuelle des Étudiants, prononce un discours anachronique (sauf sur les questions de santé), personne ne scille. Personne non plus n'a remarqué la différence de ton entre son édito sur le site de la LMDE et son discours, qui témoigne d'une hypocrisie sans limite.
Quand le porte parole du Parti Communiste crache sur le Traité Simplifié (devant Hollande, qui fait heureusement partie de ses sages partisans) et que tout le monde se lève pour le féliciter sans prendre conscience que le rejeter c'est vouloir tout foutre en l'air plutôt que de faire, même doucement, avancer les choses, je soupire. Pour reprendre une formule de Jules de Diner's Room, « comme je ne puis avancer de trois pas, je refuse d'en faire un ».
Quand la moitié des intervenants affirme que la politique de Sarkozy « nous rappelle des heures sombres de notre histoire », je suis scié par ce manque de modération. C'est joli, les grandes phrases, mais ça ne sert qu'à exciter les militants qui ne jurent que par la révolution.

Ces trois jours furent un florilège de déclarations de ce type, à mon grand désarroi. Toutes les résolutions modérées furent rejetées, en partie car présentées par des fédérations sociales-démocrates (bien que le MJS revendique désormais cette méthode), et à 100% car le premier rang levait ses cartons sur-le-champ avant même que l'orateur ne demande les votes contre.


C'est usant de constater que le MJS se prend un peu pour la LCR, et je suis impatient de lire le discours d'investiture d'Antoine auquel je n'ai pu assister, pour voir si sa ligne est plus modérée et intelligente, ou dans la perpétuelle surenchère pour flatter la croupe de la majorité des adhérents.
J'ai cependant apprécié les échanges et l'ambiance assez sereine des discussions, et confirme mon opinion : un seul texte pour tant de sensibilités relève de l'hypocrisie, afin de faire dire aux médias et au PS que les jeunes sont unis.

Il y a encore beaucoup à dire sur ce 8e congrès, et je reviendrai éventuellement dessus plus tard... si j'en ai le courage.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

analyse très réaliste camarade !

Anonyme a dit…

Cher camarades,

Oui rédiger ensemble un seul texte ne relève pas de la plus grande cohérence au vu des échanges de ce week-end.
Oui il est amusant d'observer après une longue phase de recherche du consensus, un durcissement des positions une fois l'unité obtenue!
Oui il est intéressant de constater après deux jours de débats musclés que le représentant du PC s'aligne dans les détails sur les positions de la majorité du MJS!

Le travail des socialistes du réel va être long et fastidieux, surtout pour à vue d'oeil, les 12 malheureux camarades que cela représente.

Pour la note positive : très bon congrès, très instructif! Et bravo pour le Val de Marne, super fédé !!

Unknown a dit…

Ouais, ce TO semble avoir été écrit pour ne pas entrer dans les anales de la philosophie politique. Avions nous le choix ? Je ne sais pas, je ne crois pas, malheureusement ... Bon, à voir ce que l'on pourra faire à partir de ça ...