vendredi 5 octobre 2007

L'Internationale à toutes les sauces

À la fin de l'été, j'ai eu la chance de pouvoir me rendre à La Rochelle.
Une des choses que j'ai retenu, parmi plein d'autres, c'est la fâcheuse tendance de la majorité MJS à entonner l'Internationale en toute occasion. Habitude et attitude qui m'étonnent, pour ne pas dire plus.


Écrit en 1871 pendant la Commune, ce chant devient plus tard le symbole de la classe ouvrière, et finit hymne de l'URSS de Staline. Plus d'informations historiques.
Ses paroles dénoncent « l'État qui comprime », « la loi qui triche », « l'impôt qui saigne le malheureux » et invitent ceux qui les chantent et qui les écoutent, damnés de la terre et forçats de la faim, à se lever. Je ne vais pas faire un dessin pour expliquer que ce constat n'a absolument plus lieu d'être car il décrit la situation politique et sociale du XIXe siècle dans un contexte révolutionnaire, ce qui n'a donc plus le moindre rapport avec aujourd'hui. L'Internationale est dépassée même dans ce qu'elle prône : « le peuple ne veut que son dû ». Il y a longtemps que nos revendications et propositions ont évoluées, heureusement. L'enjeu n'est plus rendre au peuple ce qu'on lui doit !


Bien sûr, ce chant a une portée symbolique, mais un symbole ne devrait-il pas être utilisé soigneusement, et avec parcimonie ? Quand j'entends le MJS se dire "ouvrier et paysan", j'ai une furieuse impression d'anachronisme galopant. Il faut savoir évoluer en fonction des réalités de son temps, et « le grand parti des travailleurs » n'en n'est plus une. Alors braire l'Internationale, poing levé pour la moitié d'entre vous, parce que le repas est servi, n'est-ce pas aussi étrange que déplacé ?


Évidemment, ce chant constitue une partie de notre héritage, et je ne parle pas de l'oublier ; seulement d'apprendre à faire la part des choses, et d'être capable de remettre en cause certains dogmes (avant le droit de propriété, par exemple) comme : « le chant des socialistes est l'Internationale ».
En plus d'être désuet et ne représenter en rien notre parti, il reste dans mon esprit, qui n'est sûrement pas le seul à faire le rapprochement, l'hymne de l'URSS jusqu'en 1944. Et, désolé, j'ai un peu de mal à accepter qu'on puisse le reprendre à notre compte, tout autant que je ne me fais pas à l'idée qu'un chant puisse constituer le genre humain en qualifiant certains de nos congénères de "corbeaux" et de "vautours".
Mais c'est vrai que, plus goblalement, je ne pourrai accepter aucun chant révolutionnaire, pour la simple, bête et lâche raison que je ne souhaite pas faire la révolution.


Pour paraphraser François Hollande à La Rochelle, le grand soir, c'est fini ! Intervention du Premier Secrétaire qui, d'ailleurs, fut close par votre Internationale. Le grand soir, c'est fini, affirme Hollande, c'est la lutte finale répondez vous en cœur.

2 commentaires:

Unknown a dit…

C'est bien dommage. Comme toi je ne pense pas que la révolution viendra demain. Pourtant, ce chant est une partie de notre héritage, le renier signifie trahir notre histoire et nos idéaux.

Cela fait aussi bien longtemps que "dans nos campagnes", ne mugissent plus "ces féroces soldats", et pourtant...

Militant MJS a dit…

Justement, que diriez-vous si, aux rendez-vous de l'UMP, une cohorte de jeunes pop se mettaient à chanter la Marseillaise toutes les 2 minutes ? Bien que ce ne soit absolument pas un truc de droite, vous feriez un cirque et les mépriseraient bien comme il faut. Alors que ce chant, c'est un patrimoine commun éminemment plus fort que l'Internationale, et qui n'a pas le passé trouble de la prose communiste.

De plus, dans cet article, je ne fais que critiquer la manie de l'entonner en toute occasion, tout en reconnaissant qu'elle constitue un patrimoine dont je ne parle pas de se séparer. Juste de l'utiliser avec parcimonie et modération, pas comme un mot d'ordre mais bien comme un héritage.